Rencontre avec Mounir KASBAOUI (Suisse)
Etudes en ingénierie de la santé, Université de pharmacie de Montpellier – En poste à Genève dans une société de dispositifs médicaux
“Je veux créer une société qui distribuera des médicaments dans des pays où ils ne sont pas accessibles aujourd’hui”.
Vous êtes né à Strasbourg et avez grandi en Alsace. Mais vous êtes venu faire vos études à Montpellier. Pourquoi?
J’ai suivi un cursus en ingénierie de la santé et j’ai choisi Montpellier tout simplement parce que l’Université de pharmacie de Montpellier propose la meilleure formation sur ce sujet. Aujourd’hui, je suis ingénieur et ma formation me permet de travailler sur l’ensemble de la chaîne du médicament, de la recherche à la vente, en passant par la fabrication, le marketing ou le juridique.
Après vos études, vous avez opté pour un V.I.E. C’était un désir de travailler à l’international?
J’ai d’abord travaillé un an à Paris, mais c’est vrai que j’ai eu ensuite envie d’aller voir un peu plus loin. J’ai trouvé un V.I.E intéressant avec les laboratoires Servier à Casablanca où je devais travailler un an. En fait, j’y suis resté deux ans et demi! Il se trouve que j’ai des origines marocaines et que je parle arabe (que j’ai appris par moi-même)-. Et une fois au Maroc, j’ai découvert la beauté de ce pays, et j’ai créé une agence de voyage. En semaine, je travaillais pour Servier, et le week-end, je faisais le guide et j’emmenais des personnes visiter des endroits que j’avais repérés dans le pays. Au départ, c’était avant tout des expatriés: je m’étais fait tout un réseau en ayant pris la présidence de l’association des expatriés français au Maroc. Et petit à petit, également des Marocains, ce que je trouvais évidemment très enrichissant pour tout le monde.
Mais vous avez quand même quitté le Maroc ?
Oui. Au bout de deux ans et demi, j’ai transmis mon agence à deux jeunes expatriés et je suis parti à Londres, en quête de nouvelles aventures… J’ai sympathisé avec un barman et je suis devenu barman! Mais dans la journée, je travaillais comme analyste stratégie pour une société qui avait un portefeuille de clients importants. Pendant un an, j’ai donc analysé les stratégies des entreprises tout en étant barman en parallèle.
Et puis j’ai encore eu envie d’une nouvelle expérience, j’ai voulu aller découvrir un peu les choses en Asie. La société pour qui je travaillais à Londres m’a proposé de me garder en télétravail, mais en fait, avec le décalage horaire, c’était compliqué de travailler en Thaïlande avec le bureau londonien. J’ai donc renoncé et j’ai proposé mes services au milieu associatif pour faire avancer les choses dans les villages. C’était une autre expérience, mais très enrichissante, qui permettait de se sentir vraiment utile, de manière concrète et visible.
Combien de temps êtes-vous resté en Asie?
J’avais envie d’y rester pour une vie, c’est certain. Mais je suis rentré à Noël en France et là, j’ai senti aussi que je serai bien près de ma famille, de mes parents qui prenaient de l’âge notamment. Je suis donc resté en Europe.
J’ai trouvé un travail en Suisse, dans une société pharmaceutique. J’y suis resté trois ans, et je gérais la stratégie marketing à l’international.
C’était intéressant, et cela m’a permis d’affiner ma réflexion sur ce secteur. Et je trouve maintenant que ce secteur devrait fonctionner de manière plus distancié avec les impératifs financiers. En d’autres termes, si un labo peut lancer un médicament dans un pays sans se mettre en difficulté, elle doit le faire. C’est une question d’éthique.
J’ai donc décidé de prendre un peu le large pour monter mon propre laboratoire afin d’alimenter des pays en solutions dont ils ne disposent pas actuellement.
Comment fait-on, seul, pour monter un laboratoire de médicaments?
C’est effectivement assez compliqué! Je ne veux pas produire, je veux repérer des médicaments qui existent et les proposer à des marchés où ils ne sont pas encore présents, notamment en Afrique.
Pour l’instant, je vais reprendre en novembre un travail dans une société de dispositifs médicaux en Suisse, tout en travaillant mon réseau pour collecter les connaissances nécessaires en export/import et en mettant de l’argent de côté. Mais je vais poursuivre mon projet dès que j’aurai réuni toutes les conditions. Ce qui est certain dès aujourd’hui, c’est que le siège de la filiale française sera à Montpellier!